Barry Lyndon
L'Irlande du XVIIIème siècle. A la mort de son père, le jeune et ambitieux Redmond Barry est décidé à monter dans l'échelle sociale. Après s'être battu en duel avec le soupirant de sa cousine Nora dont il est amoureux, il est contraint de fuir son pays pour échapper à la justice. Il s'engage dans l'armée anglaise, déserte, rejoint les rangs des soldats de Fréderic II. Ayant séduit la contesse de Lyndon, il l'épouse à la mort de son mari. Elle lui donne un nom, une fortune et un fils.
Galerie de peintures, concerts symphoniques
ou portraits d'un anti-héros ? Adapté du roman de Thackeray, Barry Lyndon
retrace l'ascension et la chute d'Edmond Barry dans la haute société Anglaise
du 18éme siècle et son itinéraire d'opportuniste et de parvenu.
Petit noble irlandais déchu, puis soldat de
l'armée de Georges III, Barry se hissera au sommet, à forces de combines, de
tricheries au jeu et avec pour finir, un mariage fortuné avec une aristocrate
au grand style, veuve d'un lord infirme et fortuné. Il découvrira un monde
corrompu aux règles néanmoins bien définies, avec ses trahisons, ses futilités,
ses tromperies, un monde de gentlemen en somme. Edmond Barry est décrit en
parvenu, pourtant beau, sans scrupules mais humain tout de même. On est loin d'une
description manichéenne d'un méchant personnage.
De son coté, Lady Lyndon est
projetée en aristocrate, trompée, bafouée, silencieuse face au sort qui
s'acharne sur elle, digne et campée en héroïne tragique. Le narrateur qui nous
conte l'histoire s'arroge plusieurs rôles non content de nous raconter, il
juge, préjuge, anticipe la fatalité qui s'abat sur le héros et imprime son
rythme a l'histoire, l'accélérant ou le ralentissant a son gré. L'effet est
néanmoins agréable car paradoxalement, le spectateur est sollicité et témoin,
et prend partie.
Plus fascinants encore, sont les décors, la campagne irlandaise ou allemande,
les ciels surchargés préfigurant la tragédie, les châteaux somptueux et les
champs de Bataille, Kubrick a ressuscité Gainsborough et Constable pour les
enrôler comme assistants. Les événements sont entrecoupés : de véritables
tableaux, extrêmement bien cadrés qui contribuent à adoucir la violence de
certaines scènes tournées en extérieurs. Stanley Kubrick, outre le fait d'être
perfectionniste, tenait à restituer exactement les éclairages des intérieurs de
l'époque sans ajouter l'appoint de lumières artificielles. Stanley Kubrick a
également reconstitué l'Europe du 18éme Siècle avant et après la Guerre des 7 ans.
Tous les costumes et décors du film ont été
fidèlement reproduits d'après les tableaux d'époque. Barry Lyndon est
également agrémenté de sublimes travellings avant et arrière, de plans
séquences homogènes et de mouvements fluides. On soulignera que Stanley Kubrick
a put trouver un objectif, aussi sensible qu'un oeil mis au point pour les
études de la NASA,
En dépit d'un échec commercial, quatre oscars ont couronné Barry Lyndon : meilleur direction artistique et décors, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical. Barry Lyndon s'impose à la fois comme une oeuvre majeure dans la filmographie de Stanley Kubrick, d'une magnificence visuelle encore inégalée, et à mes yeux, son plus grand film.